Brice Dulin, le vieux briscard

A l’occasion de la huitième journée du Top 14, avec un déplacement à Montpellier, Brice Dulin va honorer ce samedi sa centième apparition sous le maillot du Stade Rochelais. Une statistique remarquable pour un joueur indispensable de l'effectif des Jaune et Noir depuis son arrivée à l’été 2020 en provenance du Racing 92. Portrait d’un joueur à la patte gauche redoutable.

L’arrière rochelais est l’une des pièces maîtresses de l’effectif maritime et sa carrière au sein de plusieurs clubs français le montre bien. Révélé sur le tard dans le rugby professionnel, il pratique durant sa jeunesse la pelote basque, discipline dans laquelle il remporte un titre de champion de France. Puis, inspiré par son frère aîné, Renaud, rugbyman professionnel, il lance sa carrière rugbystique à l’âge de seize ans. Un choix payant malgré une grave blessure au genou qui l’empêche de s’exprimer pleinement au plus haut niveau.

Une carrière contrastée entre coups d’éclats et blessures

Le natif d’Agen va prendre ses marques dans le club local en 2009, croiser certains joueurs marquants du rugby français comme Maxime Machenaud, Sofiane Guitoune ou encore Yoann Huget et remporter la Pro D2 l’année suivante. Son intégration au Sporting Union Agenais (SUA) rime également avec ses débuts en équipe de France de jeunes.

En 2012, il est transféré au Castres Olympique, une équipe d’envergure supérieure et taillée pour faire décoller une carrière. Malgré un passage éclair (43 matchs disputés), les trois années passées dans le Tarn ont été marquantes pour diverses raisons : premières sélections nationales, blessures répétées freinant sa progression et un titre assez inattendu en 2013 face à Toulon, récent champion d’Europe. L’équipe dirigée par Laurent Labit l’a fait évoluer dans le jeu et cela lui vaut un transfert mérité au Racing 92, où il suivra son entraîneur.

Son arrivée dans les Hauts-de-Seine le maintient au haut niveau. Il garde sa place en équipe de France et s’affirme comme le patron du fond du terrain francilien. Ses 128 matchs professionnels en sept ans le mènent à un nouveau titre de champion de France en 2016.

Entre 2016 et 2017, il est titulaire et participe quasiment à l’intégralité des matchs disputés, soit 46 rencontres, toutes compétitions confondues et plus de 3000 minutes passées sur le rectangle vert. Une performance à souligner, d’autant que le petit gabarit du Lot-et-Garonne est un pur arrière et n’a pas développé une polyvalence de poste durant sa carrière. Il était donc le choix numéro un et a su le rester.

Malheureusement, les multiples blessures subies ralentissent indéniablement la montée en puissance de ce joueur hors-pair, très bon relanceur, à l’aise sous les ballons hauts et doté d’un coup de pied sensationnel.

L’air maritime comme potion magique

Son transfert à La Rochelle en 2020 va lui donner une seconde jeunesse et il va se dévoiler sous son meilleur jour. A 29 ans, Brice Dulin est attendu comme le Messie et débarque en remplaçant idéal d’un Kini Murimurivalu indéboulonnable à l’arrière. Et il ne décevra pas.

Avec une équipe qui s’affirme comme un des poids lourds du championnat, il participe aux finales malheureuses de 2021 face à Toulouse et aux campagnes européennes victorieuses de 2022 et 2023. Véritable gardien du fond du terrain, il forme avec Dillyn Leyds et Raymond Rhule (et maintenant Jack Nowell) un triangle arrière rapide, perforateur et intelligent, capable de déstabiliser et de déplacer n’importe quelle défense du Top 14. L'Agenais rassure par son long jeu au pied et ses prises aériennes toujours parfaites. Sa science du jeu et son expérience internationale ajoutent un supplément de talent à cette équipe qui n’en manque pas.

En 99 apparitions sous le maillot à la caravelle (soit quatre ans), il a été titularisé à 96 reprises, soit un total tout simplement ahurissant de près de 97 % du temps où il a été le premier choix des coachs rochelais. Un joueur définitivement marquant à La Rochelle.

Cette saison, il a été titulaire lors de chacune des cinq rencontres qu’il a disputées, jouant au moins 70 minutes. Métronome du jeu de relance des pensionnaires du Macif Parc, il démontre à chaque rencontre sa sérénité et sa vision souvent juste de la situation. Une prolongation de contrat est même étudiée par le club.

Pour le seconder depuis la saison dernière, Antoine Hastoy s’installe progressivement à l’arrière et épaule Dillyn Leyds, également arrière, dans la mission de défense de l’arrière-garde rochelaise. L’homme aux 37 sélections va-t-il contribuer à la première victoire des hommes de Ronan O’Gara dans l’Hérault ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

                                        Etienne Barthod

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