Caravelle à la dérive, le Stade Rochelais inquiète

Le Stade Rochelais vit actuellement un cauchemar sous l’ère O’Gara. De nombreuses voix se sont levées pour changer la dynamique des Jaune et Noir. Analyse.

Cinq défaites d'affilées. Voilà la triste situation à laquelle fait face l'équipe de Ronan O'Gara. Le Stade Rochelais est sur sa pire série depuis l'arrivée du manager irlandais. Où est passé le jeu, l'envie, les résultats, l'attitude… des doubles champions d’Europe ? Les supporters des Jaune et Noir ne reconnaissent plus leur équipe qu'ils aiment tant. Ronan O'Gara l'a dit, le Stade Rochelais est “en crise”. Mais comment en sortir ?

Un changement de staff ?

C'est la rumeur persistante des derniers jours, Romain Sazy, l’un des joueurs les plus capés de l'histoire du club et actuel entraîneur des Espoirs, pourrait intégrer le staff professionnel. Si dans un premier temps, cela ne serait qu'un ajout, il semble difficile de croire que l'ancien deuxième ligne ne remplacera pas quelqu'un à moyen-terme.

Néanmoins, les dernières nouvelles semblent indiquer une stabilité du staff, qui ne devrait pas bouger d'ici la fin de saison. Attention à ne pas enchaîner un nouveau revers contre un Stade Français tout aussi faible, la sentence pourrait intervenir dans un avenir proche pour Ronan O'Gara.

Une évolution dans le style de jeu ?

Depuis l'arrivée de Ronan O'Gara en 2019, le jeu des rochelais a bien changé de l'ère Collazo et Garbajosa. Fini le jeu basé sur les trois-quarts, rempli de panache et d'improvisations, la légende du Munster a imposé sa patte, les avants sont devenus le point focal du jeu des Jaune et Noir.

Si cette métamorphose du jeu rochelais peut faire grincer des dents les plus adeptes du “french flair”, force est de constater que c'est sous Ronan O'Gara que le Stade Rochelais a atteint les sommets du rugby européen et est passé le plus près du Brennus.

Hélas, cette recette autrefois si dominante semble avoir atteint ses limites, les avants rochelais sont vieillissants, leur niveau moins élevé qu'en 2023, et la mode est passée à un rugby centré sur les arrières, le Stade Toulousain et l'Union Bordeaux Bègles symbolisant le mieux ce changement.

Peut-être Ronan O'Gara doit-il remettre en question la manière de jouer de ses hommes, confier les clés du camion aux talents des lignes arrières et adapter le Stade Rochelais à ce nouveau rugby qui s'impose ? Les arrivées de Nolann Le Garrec, Ugo Pacome et Davit Niniashvili pourraient marquer un tournant dans le jeu rochelais. À voir si le technicien irlandais aura le courage d'assumer cette nouvelle direction.

Passer la main à la nouvelle génération ?

Le Stade Rochelais frustre les suiveurs des jeunes, en voyant les prometteurs espoirs, si dominants dans leur championnat, ne pas être intégrés à l'effectif professionnel, ou alors à un rythme bien plus soutenu que nombre de leurs rivaux.

Les comparaisons ont évidemment leurs limites mais les pros n'ont mis “que” 46 essais depuis le début de la saison en Top 14, contre 54 pour les espoirs, en ayant pourtant joué cinq matchs de moins...

Face aux pâles performances de certains cadres et joueurs d'expérience, l'envie de certains jeunes a été choquante sur plusieurs matchs, et peut faire penser à la fin d'un cycle pour la génération des doubles champions d'Europe, petit à petit remplacé par des jeunes aux dents longues.

Là encore, les trois futures recrues rochelaises (deux de 22 ans et une de 19 ans), semblent toutes désignées pour faire avancer le club à la caravelle vers son avenir, aux côtés de certains cadres comme Grégory Alldritt ou encore Pierre Bourgarit. Avec autour d'eux, les jeunes issus de la pépinière rochelaise, prenant la suite de leurs dignes prédécesseurs.

                                                   Hugo Betoule

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