Grégory Patat, l'authentique gersois


Le Gers est une terre qui a fait éclore à La Rochelle de grands joueurs de rugby mais également un grand entraîneur. Grégory Patat en est la preuve, lui qui a rejoint les espoirs maritimes en 2016, avant de prendre officiellement les rênes de l'équipe première deux ans plus tard. Portrait d’un homme de caractère.
L’ancien troisième ligne centre auscitain est un meneur d’hommes et cela se voit. À Auch, il prend la suite de Pierre-Henry Broncan, personnage emblématique du FC Auch. Après son éviction, il rejoint l’USAP puis La Rochelle où il est nommé entraîneur en chef des Espoirs, aux côtés d’un certain Sébastien Boboul. Il prend en 2018 la responsabilité de coordonner les avants du nouveau manager Jono Gibbes après le départ de Patrice Collazo. C’est alors qu’il va être l’un des grands artisans de la montée en puissance des Jaune et Noir, avec dans son sillage des joueurs comme Pierre Bourgarit et Grégory Alldritt qui vont s’affirmer comme de grands noms du rugby français et des leaders de l’effectif rochelais.
Un homme de conviction et de combat
Un manager est la tête pensante d’une équipe : Grégory Patat l’était déjà en tant que joueur. Dans une interview donnée aux “Gueules du rugby” en 2024, il explique que lors de son parcours de joueur, il aimait “faire le lien entre les avants et les trois-quarts”, être un véritable électron libre à la fois dans le jeu au sol et debout. Cela donnait du sens à son jeu. L’objectif était avant tout de prendre du plaisir sur le terrain mais évidemment avec la victoire et les performances pour être récompensé.
Ces paroles font parfaitement écho au style de jeu de Grégory Alldritt, N°8 et capitaine du Stade Rochelais et véritable fer de lance de l’attaque rochelaise. Plaqueur-gratteur, leader de jeu, il incarne l’homme à tout faire du côté de la cité maritime. Sa présence sur le terrain est indispensable à l’équipe. Pierre Bourgarit, en bon talonneur athlétique, est aussi un joueur qui “sent le jeu”, toujours à l’affût du bon intervalle pour percer la défense. En l’absence de l’homme casqué, il fait partie des vice-capitaines de l’équipe.
Reconnaissance, fidélité, passion : les maîtres-mots de la réussite
L'entraîneur bayonnais désormais a marqué de son empreinte le Stade Rochelais. Comme au FC Auch où avant d’être un grand entraîneur, il fut un grand capitaine, sa soif de gagner, de donner le meilleur de lui-même reste un marqueur commun à ces hommes du Gers, à l’instar des Anthony Jelonch, Antoine Dupont, Paul Graou, Grégory Alldritt et Pierre Bourgarit (cf notre article portrait de sa 150e). Ce rugby rural, de village, occupe la jeunesse des sportifs et leur donne cette envie de se dépasser pour maintenir un niveau de performance élevé.
Une transition joueur-entraîneur qui forge l’homme
L’ancienne figure du FC Auch a toujours connu une carrière rugbystique presque normale, sans sortir du lot, la vie d’un athlète qui s’envoie sur le terrain sans vraiment être reconnu comme un grand joueur, alors qu’il était un grand capitaine. Dans l’émission de la rédaction de rugbyrama “Comme à confesse” en avril 2024, il dévoile qu’à 23 ans, des douleurs au genou le freinent dans sa progression et vont l’handicaper dix ans plus tard, en se répercutant sur sa cheville opposée et le stopper net dans sa quête de gloire, pour terminer en beauté sa carrière de joueur. Son “plus gros regret est d’avoir fini sa carrière de joueur sur une blessure”. Cette frustration va devenir un leitmotiv pour sa prise de fonction en tant qu’entraîneur.
Un homme est à l’origine de ce qui fait désormais du gersois un grand entraîneur de Top 14 : Alain Laterrade, coprésident de l’Entente Astarac Bigorre XV en 2008. Voyant le club auscitain en grande difficulté financière et proche du dépôt de bilan, il demande à son entraîneur Grégory Patat de prendre en charge l’équipe, arguant qu’il est l’homme idoine, en illustre capitaine. Taiseux et timide dans la vie, la fonction de manager lui offre une nouvelle vision du jeu, en restant proche du terrain, sans la débauche d’énergie que cela implique.
Son passage éclair à Perpignan l’envoie ensuite à La Rochelle où l'idée de créer du lien entre les Espoirs et les Pros lui correspond à merveille. Cette volonté de transmettre, de partager, d’échanger est le trait d’union parfait pour performer. La suite, vous la connaissez, Grégory Patat est l’un de ceux qui ont fait décoller le Stade Rochelais vers les premiers grands moments de son Histoire, avec plusieurs finales, toutes perdues, avant les consécrations bien connues. Il est maintenant un manager reconnu à Bayonne, prêt à conduire l’Aviron vers la première phase finale de Top 14 de son histoire.
Etienne Barthod