La Rochelle - Toulouse : Une centième en trompe l'oeil

En ce début d’année, le Stade Rochelais recevait le Stade Toulousain (bien rajeuni) avec une belle fête d’avant-match afin de célébrer le 100ème guichets fermés consécutif en Top 14. Si l’ambiance a été festive au début, cela ne s’est pas vraiment poursuivi au fil de la rencontre. Retour sur ce match qui marquera tout de même l’Histoire des Maritimes.


C’était jour de fête au stade Marcel-Deflandre ce samedi 4 janvier 2025. Jeux de lumières par les supporters eux-mêmes, feux d’artifice, danses pour former le nombre “100” au centre du terrain ; même la pluie avait décidé de s’arrêter le temps de la rencontre pour laisser le soin aux acteurs de faire le spectacle sur la pelouse.

Le spectacle justement, parlons-en. Après quelques échanges de coups de pieds entre les deux arrières et une entrée en matière timide de part et d’autre, la première action positive amène l’essai du talonneur rochelais Tolu Latu. Le contre et l’activité déjà importante d’Oscar Jegou sur le demi-de-mêlée toulousain Simon Daroque paye et met sur orbite son coéquipier du pack pour débloquer le compteur des locaux (5-0, 14e). Les 20 minutes qui suivent vont montrer une belle envie de cette jeune équipe toulousaine, joueuse, décomplexée. Le score va rapidement évoluer en leur faveur (5-9, 35e). Après s’être fait balader, les joueurs de Ronan O’Gara vont (enfin) se réveiller et marquer un essai avant la pause par Oscar Jegou, meilleur rochelais de cette première mi-temps (12-9).

Un second acte plus débridé

Au retour des vestiaires, le jeu s’est un peu emballé et les joueurs présents sur le rectangle vert ont décidé de jouer davantage. Après de nombreux changements dans le pack toulousain, les mêlées sont un peu plus disputées. Sur une action bien emmenée par la ligne d’attaque rochelaise, Paul Boudehent pense aller marquer son essai mais celui-ci est refusé, le troisième ligne international aplatissant en deux temps. L’ambiance remonte progressivement après une première mi-temps laborieuse, mais l’intensité aussi. Tolu Latu écope d’un carton jaune (très orangé) à la 51e pour un déblayage très dangereux sur l’épaule du jeune demi-de-mêlée haut-garonnais. Cette période d’infériorité numérique ne va pas changer grand chose mais elle démontre toute la tension et l’agressivité des Jaune et Noir dans ce match d’une importance capitale pour la suite de la saison.

Les changements maritimes effectués juste avant l’heure de jeu vont quelque peu dynamiser la production maritime et mener à l’essai toute en filouterie de Tawera Kerr-Barlow, qui joue vite une pénalité à cinq mètres et plonge dans l’en-but pour donner une bouffée d’air aux siens (17-9, 62e). Le suspense reste entier et le match loin d’être gagné. Pour preuve, la jeune garde rouge et noir n’a rien à perdre et joue. L’occupation est de mise et leur intelligence sur une touche à cinq mètres de la ligne permet d’envoyer Sialevailea Tolofua derrière la ligne, après un groupé-pénétrant dévastateur.

Deflandre est sonné mais pas abattu. Les supporters essaient tant bien que mal de donner de la voix pour éviter une nouvelle désillusion à domicile. Mais rien n’y fait, l’envie, la détermination, la fougue semblent être dans la peau des minots de la Garonne et d’un drop subtilement exécuté. Les Toulousains de l’ouvreur Valentin Delpy, auteur de 14 points, reviennent à égalité à trois minutes de la fin du match. Heureusement, une dernière percussion illicite de Costes sur Favre permet à Hastoy, entré à la pause à la place de West, de donner la victoire aux Maritimes… Mais que ce fut dur !

Le fait du match

Le Stade Rochelais est réputé pour avoir l’un des packs les plus puissants d’Europe. À la 70e minute, ce dernier s’est justement fait écraser par l’intelligence de jeu et la finesse du jeu collectif des jeunes pousses toulousains. Ce fait d’arme a permis aux Rouge et Noir de revenir dans le match. C’est le deuxième essai encaissé coup sur coup sur ballon porté, après Perpignan. Il est également révélateur des difficultés actuelles du club. Tous les secteurs sont touchés et le mal est profond. Que ce soit les lancements de jeu compliqués et poussifs avec une ligne d’attaque expérimentée (Leyds-Favre-Seuteni-Nowell-Dulin) et qui a normalement fière allure ou le pack, orphelin de Skelton sur ce match, rien n’y fait. Un gros travail semble à prévoir et Ronan O’Gara, le manager rochelais, le concède chaque semaine.

Les tops et flops

Oscar Jegou a été le grand monsieur de la première mi-temps par son abattage défensif et sa présence dans les rucks. Il a été accompagné par UJ Seuteni sur les lignes arrières. Les deux joueurs ont fait beaucoup de bien à une équipe qui manque cruellement de liant et de cohésion.

Côté toulousain, le jeune ouvreur Valentin Delpy a livré une prestation magistrale avec 14 points au pied et a failli faire déjouer la formation maritime. Avec des coéquipiers comme Romain Ntamack et Thomas Ramos à l’ouverture, sa marge de progression est immense.

Le bilan

C’était un match de gala uniquement en dehors de la pelouse. Face à une jeune et épatante équipe toulousaine, le XV rochelais n’a rien prouvé et repart avec une victoire in extremis et très inquiétante, d’autant qu’un nouveau gros morceau va se présenter dimanche prochain à Deflandre, en la personne du Leinster. En espérant que la casquette Champions Cup soit toujours aussi dorée…


                                   Etienne Barthod

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