Les racines historiques de la Peña Baiona et Santiano
ACTUS
À quelques jours de la rencontre face à l'Aviron Bayonnais, découvrez l'origine de la Peña Baiona et Santiano qui font partie intégrante des chants du rugby français. Deux hymnes qui dépassent largement leurs terres locales...
La Peña Baiona : de l’Autriche à Bayonne en passant par la Grèce
On peut le dire sans sourciller que La Peña Baiona est LA chanson incontournable du rugby français. Pourtant, cette dernière est née loin du Pays Basque. L’air est grandement inspiré du titre « Griechischer Wein » (qui signifie littéralement « vin grec » en allemand) du chanteur autrichien Udo Jürgen (1934 – 2014) sorti en 1974. Le texte, écrit par le parolier allemand Michael Kunze, raconte la vie de travailleurs immigrés grecs en Allemagne et de la nostalgie provoquée par le goût d’un verre de vin grec.
Deux ans après sa sortie, et après plusieurs traductions dans d’autres langues, la version espagnole de José Velez sort en 1976 sous le nom de « Vino griego ». Succès immédiat en Espagne, mais aussi en Amérique Latine ! La chanson fait le tour de la planète, mais, étrangement, en France on n’en entend pas encore parler. Il faudra attendre l’année 1992, pour que la cassette franchisse les Pyrénées et qu’elle soit jouée dans les férias et les arènes du Sud-Ouest, ce qui l’amènera en haut du hit-parade.
En 2005, Dominique Herlax (décédé la même année qu’Udo Jürgen, en 2014, à l’âge de 73 ans), alors speaker du stade Jean-Dauger à Bayonne, et fervent supporter du club de l’Aviron Bayonnais, écrit des paroles sur l’air du « Vino Griego » pour, à l’époque, le jeune club de supporters : « La Peña Baiona » ! Ce club va devenir un emblème d’un esprit populaire, dans un sport devenu professionnel. La chanson, enregistrée par Gorka Robles, va connaître le succès qu’on connaît aujourd’hui, envoûtant le monde de l’ovalie, mais pas seulement. La chanson est reprise en chœur par les milliers de « Festayres » lors de l’ouverture des Fêtes de Bayonne, chaque année.
Santiano : un fameux trois mâts…
La chanson de Hugues Aufray, sortie en 1961, est l’adaptation d’un chant de marins d’origine anglaise… Lorsque l’on connaît l’histoire et les liens historiques entre La Rochelle et l’Angleterre, on ne peut que penser à un doux clin d’œil…
Jacques Plante écrit les paroles de la chanson avant que l’artiste ne l'enregistre dans la foulée le 17 novembre 1961 et la sort dans les charts une quinzaine de jours après, début décembre. Le succès est immédiat et le chant de marins devient un tube national. Mais ce n’est pas tout, puisque la chanson apparaît dans la plupart des recueils de chants de camp, et devient un chant presque traditionnel, qui se transmet de génération en génération.
Quoi de mieux qu’un club de rugby sur les bords de l’Atlantique, dont le logo est celui d’une caravelle, pour faire perdurer ce chant ! Il faut remonter au milieu des années 2010 pour que les supporters rochelais commencent à reprendre la chanson lorsque les joueurs rentrent au vestiaire en opérant un demi-tour de terrain.
Dimanche 30 avril 2023. Demi-finale de Champions Cup contre Exeter à Bordeaux. Dans un Matmut Atlantique rempli à ras bord de 40 000 Rochelais, la chanson « Santiano » de Hugues Aufray retentit lorsque les joueurs de Ronan O’Gara rentrent au vestiaire. Elle sera reprise à l’unisson par tout le peuple rochelais, devant les caméras de France 2. « Mes amis Rochelais, vous avez apporté du bonheur à toute la France » déclara le chanteur qui remerciera l’engouement : « Je suis touché que vous fassiez chanter la France entière à travers Santiano ».
Depuis le 24 décembre 2023 et la diffusion du documentaire sur le deuxième sacre européen du Stade Rochelais, « Back to Back », le club tient son propre hymne : une version inspirée de l’air de « Santianna », la mélodie originale qui a inspiré Hugues Aufray. Il est nommé "Cap Rochelais". Cet hymne a été réalisé par l’association « Entre les Tours ». Il retentit lorsque les Jaune et Noir rentrent au vestiaire et après chaque essai.
Que ce soit « La Peña Baiona » ou « Santiano », ces deux chansons ont plusieurs points communs. Elles se transmettent de génération en génération, bien que Santiano reste moins connue car plus récente, et elles sont envoûtantes. Ce sont également des hymnes marqués, devenues des références locales, que ça soit dans le Pays Basque ou en Charente-Maritime. Ce sont des tubes du rugby français qui continueront de résonner dans les stades pendant de longues années.
Simon Bourdolle