Matthias Haddad : Le Petit Prince de La Rochelle

Selon les informations du quotidien sportif L’Equipe, le troisième ligne Rochelais Matthias Haddad (23 ans) devrait prolonger l’aventure avec son club de cœur de trois saisons supplémentaires, lui qui arrivait en fin de contrat. Portrait d’un phénomène de précocité au sang Jaune et Noir


Jouer au plus haut niveau possible avec le club de la ville qui l’a vue naître, c’est le rêve éveillé de Matthias Haddad depuis maintenant près de 5 ans. Né le 10 mars 2001 dans la cité portuaire, il entre au Stade Rochelais dès l’âge de 6 ans, où il fait ses premiers pas avec le ballon ovale. En 2009, sa famille déménage en Bretagne et il reprend le rugby au club de Muzillac pendant 4 ans, avant d’intégrer l’académie du RC Vannes. En 2016, il retrouve son club de cœur en rejoignant l’équipe des Cadets Alamercery Rochelaise. En parallèle, il entre au Pôle Espoir de Tours.

Surclassé

Sélectionné avec les équipes de France U17 et U18, il effectue son premier stage avec les « moins de 20 ans développement », l’antichambre des U20, durant l’été 2018. Il participe à une tournée en Afrique du Sud, où les « mini Bleuets » s'imposent contre la Western Province du Cap, l’Angleterre et l’Afrique du Sud.

À partir de mai 2019, tout va s’accélérer pour Matthias. À 18 ans seulement, il est doublement surclassé en intégrant l’équipe de France des moins de 20 ans, pour disputer le Championnat du Monde de cette catégorie. Arrivé sur la pointe des pieds, il va progressivement se faire une place, au point même de devenir titulaire en demi-finale contre l’Afrique du Sud et en finale contre l’Australie. Les Bleuets remportent la compétition pour la deuxième fois d’affilée.

En septembre 2019, après avoir obtenu son baccalauréat, il joue sa première saison avec les Espoirs du Stade Rochelais, à tout juste 18 ans. En février 2020, il est de nouveau appelé avec le XV de France U20 en tant que titulaire.

Après une saison complète (2019-2020) avec les Espoirs, le jeune troisième ligne commence à s’entraîner avec l’équipe première à tout juste 19 ans. À ce moment-là, il signe un nouveau contrat avec les Espoirs, le liant jusqu’en 2023. Tout en continuant à jouer avec les Espoirs, il dispute ses premières minutes en Top 14. En décembre 2020 à Lyon, puis à Castres, Montpellier et enfin Brive en fin de saison, pour un total de 123 minutes.

L’éclosion d’un talent

À l’aube de l’exercice 2021-2022, il intègre définitivement le vestiaire professionnel. Son capitaine Grégory Alldritt ne tarit pas d’éloges : « Matthias, c’est le genre de joueur que j’adore. Des fois dans le rugby, on perd ses valeurs. Lui, il les a toutes. C’est le plus dur. Il a tout pour réussir. On le verra vite au très, très haut niveau. » rapporte-t-il dans les colonnes de Midi Olympique.

Un capitaine visionnaire et pourtant le jeune Rochelais connaît quelques pépins physiques qui freinent sa première saison. Le premier va lui faire mal à la tête, sans mauvais jeu de mots. Premier match à Deflandre, dans son jardin, première titularisation en pro. Il subit un impressionnant KO dès le coup d’envoi du match Stade Rochelais – Biarritz Olympique, après un mauvais plaquage sur Romain Lonca, se prenant la hanche du Biarrot en pleine tête.

Malgré de bonnes prestations, Haddad traîne une petite blessure au genou au printemps 2021, ce qui ne l’empêchera pas de découvrir la Champions Cup en avril, où un certain Victor Vito le prendra sous son aile. Depuis sa titularisation en huitième de finale retour de la Coupe d’Europe face à l’UBB, le flanker sera toujours dans les 23 alignés par Ronan O’Gara. Et il sera difficile de le déloger, tant il monte en puissance.

Son paroxysme justement, il l’atteindra face au Stade Français le 21 mai 2021, une semaine avant la finale européenne. Auteur d’un match XXL, sa joie sur l’essai du bonus offensif arraché à la dernière seconde restera longtemps dans les mémoires. Une semaine plus tard, dans un Vélodrome incandescent, Matthias Haddad est titulaire en finale de Champions Cup, contre le Leinster. À 21 ans, il est champion d’Europe. Rien que ça ! Mais cette finale va laisser des traces… et plus particulièrement à son genou gauche.

À bientôt 24 ans, le 10 mars prochain, celui qui comptabilise 52 matchs en Jaune et Noir n’aura pas été épargné par les blessures et les commotions. Dans les colonnes de Midi Olympique en octobre 2024, il est revenu sur ses deux opérations successives au genou gauche : « Quand on parle de coup du sort, il y a aussi le facteur malchance qui entre en jeu. Typiquement, il y a deux semaines, un Lyonnais est retombé sur ma jambe. Il y a aussi l’excitation de revivre les émotions exceptionnelles que j’ai pu connaître il y a trois ans avec la finale de la Champions Cup. Je me suis souvent dit : "Je vais vite revenir, de toute façon, je suis fait pour ça et pas juste pour la musculation." Avec le recul, je n’étais pas prêt physiquement et j’ai rechuté. J’en reviens donc à l’importance d’avoir pu effectuer une pré-saison complète cet été. Ces pré-saisons ne sont pas là par hasard ; ça ne fait pas spécialement plaisir aux coachs et aux préparateurs de nous faire faire des tours de terrain. C’est un chemin obligatoire pour réaliser de bonnes performances et se sentir de mieux en mieux. », avoue-t-il.

Cette saison, lui qui a déjà disputé 16 matchs et passé 688 minutes sur le pré (record en cours pour sa carrière), devrait donc prolonger de trois saisons supplémentaires son aventure avec son club de cœur, lui qui rêve de revivre les mêmes émotions qu’en 2022 et 2023 !

                                      Simon Bourdolle

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