Perpignan - La Rochelle : La charrue sans les boeufs...


Après deux belles prestations européennes et une victoire dans la douleur contre Clermont à domicile, le Stade rochelais, avec une équipe remaniée, retombe dans ses (très) mauvais travers avec une défaite indigeste à Perpignan 21 – 13. Retour sur la rencontre.
« Et ça continue encore et encore… » comme dirait Francis Cabrel. Les rencontres du Stade rochelais à l’extérieur se suivent et se ressemblent avec un niveau de jeu qui fait de plus en plus peur à ses supporters, à défaut de faire peur aux adversaires.
Cela s’est ressenti dès les toutes premières minutes du match, où la furia catalane s’est déferlée dans une défense rochelaise aux abois, avec une percée de Tavite Veredamu dès la deuxième minute. Mais les Maritimes ont réussi à se dépêtrer des assauts sang et or et à faire le dos rond. Mieux, ce sont eux qui ouvrent le score grâce à une pénalité d’Antoine Hastoy, de nouveau titulaire à l’ouverture et auteur d’un 100% face aux perches, obtenue à la huitième minute après un arbitrage vidéo sur un plaquage à l’épaule d’un joueur de l’USAP sur Joël Sclavi, sorti sur saignement. La réponse usapiste s’est faite immédiatement par Tavite Veredamu après une défense jaune et noir prise totalement de vitesse par le jeu de l’USAP, qui aurait pu être contenu, s’il n’y avait pas eu 32 plaquages manqués sur les 157 de tentés (taux de réussite de 83%).
Sur le renvoi, Levani Botia, le phare dans la nuit, gratte un de ses trois ballons dans un ruck pour que son ouvreur puisse scorer. Les Rochelais repassent devant 5 – 6 à la 14ème minute. Après deux pénalités de l’ouvreur italien Tomaso Allan, les Rochelais sont de nouveau en grande difficulté dans leurs 22 mètres. Ils vont alors encaisser un deuxième essai sur ce qui est censé être un de leurs points forts : les mauls. Le hasard de la situation fait que c’est le premier essai catalan de la saison marqué sur ballon porté. Ignacio Ruiz va derrière la ligne et Tomaso Allan transforme : 18 – 6 (30’). Il ne se passera rien d’autre dans les dix dernières minutes, où les Usapistes ont été dominateurs et réalistes, face à des Rochelais apathiques.
Le réveil oublié
On ne va pas s’étaler sur toute la deuxième mi-temps, puisque le score ne bougera plus à partir de la 53ème minute. A la 43ème minute, Tomaso Allan convertit la dixième pénalité rochelaise du match (21 – 6). C’est à ce moment-là que les Rochelais réagissent enfin ! Hoani Bosmorin, entré juste avant la demi-heure de jeu à la place de Vunivalu blessé, repositionné en numéro 9 à la mi-temps, joue rapidement une pénalité dans les 22 mètres catalans. Quelques passes plus tard, le ballon va jusqu’à Levani Botia qui marque en coin. Antoine Hastoy transforme l’essai (21 – 13, 53’)
Le reste des 30 dernières minutes ont été insipides et indigestes. Face à des Catalans morts de faim, mais qui manquaient de lucidité, les hommes de Ronan O’Gara multipliaient les pénalités. L’ouvreur Tomaso Allan aurait même pu encore alourdir la marque à la dernière minute, mais sa pénalité fuyait les poteaux.
Top et flop
Certes, il n’y avait pas les bœufs devant pour tenir la charrue rochelaise. Mais le réservoir de la troisième ligne s’est fait sentir, dans le sillage d’un Levani Botia qui retrouve petit à petit son meilleur niveau. Auteur de trois grattages et du seul essai maritime du match, le Fidjien s’est distingué aujourd’hui, en ayant été constamment dans l’avancée. La touche rochelaise a été plutôt correcte également, avec notamment trois ballons volés dans l’alignement perpignanais.
Pour le flop, ou plutôt les flops, ce sont toujours les mêmes (et ça commence à être inquiétant) : pas de mêlée, peu d’envie, pas de jeu, pas de révolte.
Bilan
On pensait que la parenthèse européenne enchantée et la victoire arrachée aux forceps contre Clermont allaient donner de la confiance et de l’envie au groupe Jaune et Noir, mais il n’en est rien. Encore une fois, les Rochelais ont montré leur mauvais visage. Certes, il n’y avait pas une partie des titulaires habituels, mais les joueurs avec peu de temps de jeu doivent montrer de l’envie et bousculer la hiérarchie. Aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de certitudes dans le jeu Jaune et Noir.
À l’aube d’un enchaînement Toulouse, Leinster, la saison du Stade rochelais peut basculer du mauvais côté. Le navire tangue dangereusement. Les supporters rochelais se reconnaîtront dans cette citation de Dewey, le petit frère de Malcolm : « Je ne m’attendais à rien, mais je suis quand même déçu. »
Simon Bourdolle