Stade Français - Stade Rochelais : La caravelle s’est transformée en radeau

La série noire continue pour les Rochelais. Avec plus d’envie, le Stade Français Paris remporte ce match 22 – 17, précieux dans la course au maintien. Quant aux Maritimes, les questions sont les mêmes depuis de nombreux matchs, et elles demeurent toujours sans réponse…


On en rigolerait presque jaune, tellement le spectacle proposé hier après-midi par les deux équipes était méprisable. N’ayons pas peur des mots, ce match était une purge. Une bouillie de rugby, des deux côtés. Indigne du Top 14. Dans ce combat de cavaliers sans tête, les Parisiens ont réussi à gagner un match, qu’ils auraient dû perdre 9 fois sur 10 en temps normal. Mais c’était sans compter sur des joueurs du Stade Rochelais qui se sont, encore une fois, sabordés eux-mêmes.

Dans la continuité du match contre le Racing 92, la première période fut un vide rugbystique sans nom. Impossible de gagner un match avec dix pénalités dans les 40 premières minutes, dont huit en 24 minutes avec un carton jaune et un carton rouge. Dès la 12ème minute, le capitaine rochelais de l’après-midi, Pierre Bourgarit, écope d’un carton jaune après avoir volontairement écroulé un maul parisien.

Huit minutes plus tard, c’est au tour de Will Skelton de se montrer indiscipliné. En voulant déblayer un ruck, le géant australien oublie qu’il a un physique de golgoth et son épaule droite vient heurter la tête de Romain Briatte. La sanction tombe après arbitrage vidéo, carton rouge sévère mais logique. Trop c’est trop pour le président Vincent Merling qui quitte la zone présidentielle, en saluant ses compères, pour aller sur le banc de son équipe. Des images absolument folles ! Pendant ce temps, l’ouvreur Rose et Bleu Zack Henry continue son sans faute face aux perches (9-0).

Comme trop souvent, lorsque l’équipe d’en face envoie du jeu, les défenseurs jaunes et noirs sont aux abonnés absents. À la 31ème minute, l’ailier parisien Samuel Ezeala accélère sur son couloir gauche, feinte la passe et se faufile dans une défense maritime, qui s’est transformée en autoroute. Henry transforme l’essai en coin (16-3).

Deux minutes plus tard, nouvel arbitrage vidéo sur un potentiel jeu déloyal de Sekou Macalou sur Pierre Bourgarit. Le Parisien est retombé directement sur l'articulation de Bourgarit dans un ruck. L'arbitre considère qu'il y a un risque de blessure très grave. Macalou est exclu de la rencontre. Carton rouge logique.

Après une nouvelle pénalité convertie par Henry à la 36ème minute, en face des poteaux. Les deux équipes sont renvoyées aux vestiaires, sur un score de 19 à 3. Les Rochelais ont été minables et totalement dominés par la lanterne rouge qui n’a pourtant pas proposé grand chose. Elle s’est nourrie du désintéressement des Maritimes.

Le réveil tardif rochelais

Après plus de 60 minutes à vagabonder sur la pelouse de Jean-Bouin, les coéquipiers de Pierre Bourgarit, passé troisième ligne, se décident (enfin) à jouer. Les Maritimes lâchent les chevaux dans le sillage des entrées de Hoani Bosmorin et Lucas Andjisseramatchi. Le public rochelais, venu en nombre dans les travées de l’enceinte parisienne, pousse et commence à croire à une remontée.

La réponse des hommes de Ronan O’Gara viendra, seulement, à la 73ème minute grâce à un essai de Quentin Lespiaucq (22-10). Les joueurs du Stade Français se liquéfient et font de plus en plus de fautes, sanctionnées par deux cartons jaunes dans les dix dernières minutes, pour Van der Mescht et Azagoh. Après avoir insisté dans les cinq derniers mètres, les Rochelais sont récompensés d’un essai de pénalité trois minutes avant le terme de la rencontre, après un groupé pénétrant (22-17).

La rencontre bascule alors dans l’irrationnel. Les Jaune et Noir sont à cinq points des Soldats roses et ils ont 2 minutes 30 pour remonter tout le terrain. Mission impossible ? Pour ce Stade Rochelais là, oui. Le manque cruel de confiance et d’automatismes se fait ressentir et les Rochelais perdent un énième ballon, arraché par un Parisien qui dégage en touche. C’est fini, les locaux se donnent un peu d’oxygène dans leur lutte pour le maintien face à leur opposant qui commence à le regarder (22-17).

Le fait du match

33ème minute. À la suite d’une « prise crocodile » sur Pierre Bourgarit, Sekou Macalou est logiquement exclu. C’est un geste qui peut entraîner un risque de blessure grave, la sanction est donc logique. Cette exclusion va rééquilibrer les débats, surtout en seconde période où les avants rochelais vont être plus dominants que leurs homologues parisiens, en particulier en fin de match.

Top et flop

Top : les entrées de Bosmorin, Andjisseramatchi et Lespiaucq qui ont réveillé une équipe rochelaise apathique pendant 70 minutes. Quand on voit les dix dernières minutes, les Maritimes peuvent avoir des regrets.

Flop : Toujours les mêmes maux : le manque d’envie, un jeu catastrophique, des joueurs qui n’assument pas leurs rôles de « leaders » pour redonner du rythme…

Bilan

Bravo aux Parisiens qui n’ont jamais capitulé et ont fait preuve d’une grande force collective. Quant aux Rochelais, ils ramènent un point de bonus défensif miraculeux de ce déplacement. Il y a 15 jours de coupure jusqu’à la préparation de la réception de Castres dans trois semaines, le samedi 22 mars. Tout peut se passer dans ce club. Le futur (proche) va nous donner des réponses. Comme dirait l'autre : « Le Top 14 se divise en deux catégories : ceux qui jouent au rugby et ceux qui creusent. Nous, nous creusons. »

                                     Simon Bourdolle

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