Stade Rochelais - Racing 92 : Le naufrage rochelais


Pour la deuxième fois de la saison, le Stade Rochelais a été renversé à domicile, avec une défaite 26 à 21 contre le Racing 92. Le niveau affiché par les Maritimes est affligeant et pose question pour la suite du championnat. Comment faire, quelle est la solution pour débloquer la situation, pour chasser le chat noir présent dans les murs de Deflandre… ? De multiples questions sans réponses….
Quel terme pouvons-nous employer pour qualifier la prestation du Stade Rochelais ce samedi après-midi… on y réfléchit encore. Avant ce match donc, un hommage appuyé à l’ailier sud-africain Raymond Rhule, contraint cette semaine de mettre officiellement un terme à sa carrière de rugbyman professionnel à cause d’une blessure au genou trop handicapante, lui a été rendu, avec toute la ferveur du public. C’est bien le seul moment de communion que l’assistance a eu avec les acteurs présents sur le rectangle vert. Pour le reste, une bouillie de rugby.
Les Racingmen ont parfaitement entamé le match et valident rapidement une première pénalité par Tristan Tedder (0-3, 8e), après un premier loupé dès l’entame du match. Puis trois minutes plus tard, l’opportunisme francilien continue d’opérer face à l’imprécision adverse et Manyara s’en va inscrire son essai pour ses premières minutes disputées avec son club (0-10, 11e). La sortie sur saignement du talonneur Quentin Lespiaucq, remplacé par Pierre Bourgarit, pour son grand retour depuis son dernier match le 21 septembre dernier, apporte une petite éclaircie dans le marasme rochelais mais le score n’évoluera pas jusqu’à la pause.
Entre fautes de main et actions inabouties, c’est sous la bronca du public que les locaux rentrent aux vestiaires avec un score déjà large de 10 à 0 pour les hommes du nouveau manager Patrice Collazo. À noter également la sortie prématurée de Kerr-Barlow (probablement touché) et remplacé par Berjon en fin de premier acte.
Une seconde mi-temps en trompe l’oeil
Les murs ont dû trembler dans le vestiaire de La Rochelle et les mots simples et précis. Pour la première fois depuis bien longtemps, les joueurs reviennent sur le terrain très en avance et patientent avant le retour de leur adversaire. Une vague de changements est effectuée, avec pas moins de cinq rotations. Cela ne peut qu’être bénéfique et les premières minutes nous donnent raison. Sur un beau mouvement initié par Antoine Hastoy, l’ouvreur maritime se joue de la défense et s’en va aplatir le premier essai de son équipe pour débloquer le compteur et offrir un regain d’espoir à tout un peuple. Un nouveau match va-t-il commencer ?
Et bien, non, ce n’était qu’une étoile dans le ciel jaune et noir. Le match reste brouillon, les Rochelais sans envie, sans aucune volonté d’avancer à l’impact, de construire, de jouer ensemble. Oui, cette équipe joue actuellement seule, il n’y a aucune cohésion. Elle a même le malheur de se tirer des balles dans le pied avec un coude un peu trop haut sur Fickou (carton jaune de Danty, 49e). L’infériorité numérique permet pourtant de scorer par l’intermédiaire d’un Pierre Bourgarit étincelant (mais bien trop seul…) et auteur d’un doublé (53e, 14-13 et 78e).
La joie sera de courte durée parce qu’une fois n’est pas coutume, le Stade Rochelais a l’art de relancer les équipes malades. Woki, très actif dans ce match, va ainsi marquer son essai juste après le Gersois et l’ouvreur des Haut-de-Seine alourdira le score par deux autres pénalités (64e et 74e, 14-26) pour un score final de 21 à 26, avec le dernier essai cité plus haut. Les Ciel et Blanc peuvent exulter, ils ont pris leur revanche du match aller et s’imposent à La Rochelle.
Le fait du match
On joue la 53e minute, Pierre Bourgarit, l’homme du match incontestable côté rochelais, réveille la cité maritime en inscrivant un essai pour son retour à la compétition. Problème, deux minutes plus tard, le travail de sape est complètement anéanti par une magnifique percée de Gaël Fickou qui décale Donguy puis Woki. Le Racing repassera devant au score et ne lâchera plus la main. L’inconstance, l’irrégularité, le désintérêt total de maintenir une dynamique positive, autant de points relevés et qui prouvent bien la valeur négative du club en ce moment.
Les tops et flops
Top : Le talonneur gersois reste à ce jour l’unique joueur rochelais à ne pas être gangrené par le virus du manque d'engagement et de l’impuissance. Sa double entrée en jeu a fait un bien fou au jeu rochelais, en attestent ses deux essais. Mais il était malheureusement bien seul pour tenter de montrer une quelconque envie de gagner.
Flop : Le reste de l’équipe ? Après ce match, difficile de cibler un joueur en particulier tant le mal est général. On ne parle plus de leaders de jeu, on parle maintenant de rugbymen ayant l’honneur de porter le maillot. À l’heure où ces lignes sont écrites, notre cœur de supporter drogué par cette équipe est affaibli. La déception et la honte sont immenses.
Le bilan
Peut-on tirer du positif de ce match ? Pas sûr que quiconque en soit capable. Le mal est profond, Ronan O’Gara en vient à aborder la question du “maintien” après le match et évoque “une crise qu’il faut accepter”. Pour créer un électrochoc auprès de ses joueurs ? La question n’est pourtant pas farfelue, seulement 9 points séparent le Stade Rochelais du Stade Français, dernier au classement et prochain adversaire des Jaune et Noir…
Etienne Barthod