Un Boudehent peut en cacher un autre

À l'occasion du match de la côte atlantique, deux joueurs qui se connaissent par coeur se retrouveront sur le rectangle vert : Paul et Pierre Boudehent. Deux hommes massifs (107 kg chacun ; 1m94 contre 1m96) et aux destins liés. Voici leur histoire.


Tout commence à
Angers, où les deux frères sont nés. Pierre commence à guider la barque des Boudehent en approchant le premier le haut niveau au Stade Rochelais. D’abord lancé par le rugby à VII en 2017, il réalise une saison convaincante avec La Rochelle en comptabilisant 12 matchs et 6 titularisations à la clé, alors qu’il n’a que 19 ans. Son frère Paul, son cadet d'un an, suit ses traces, de leur club de naissance angevin en passant par le centre de formation du Stade Nantais avant de poser leurs valises communes en Charente-Maritime en 2017. L'aîné évolue avec les professionnels, le cadet intègre le groupe espoirs pendant un an.

D'Angers à La Rochelle

Dès l’enfance, les deux frères passent leurs journées dans le jardin familial et sont animés par cette passion commune du sport collectif. Foot, tennis, rugby, hockey sur glace... il y en avait pour tous les goûts. Leur famille et voisins ont vu les diablotins s’exercer. “On a explosé un nombre de pots de fleurs en jouant au foot et bouché la gouttière de la voisine avec nos balles de tennis”, se souvient Paul dans une interview au quotidien L'Équipe. Mais c’est par leur père que l’amour du rugby grandit et s'installe pleinement dans leur vie.

La carrière des deux joueurs décolle petit à petit. Pierre, l’aîné, a la confiance des entraîneurs lors de son arrivée dans les rangs maritimes, jusqu’en 2020 où il est prêté pour la première fois à Vannes. Il y restera quelques mois avant de revenir au Stade Rochelais lors des épopées victorieuses de 2022 et 2023. En 2023, il signe finalement au Stade Français jusqu’en 2026 mais sera une nouvelle fois prêté en cours de route aux Bretons après quelques difficultés dans la capitale. Il restera en Bretagne à l'issue de la saison. Il a paraphé un contrat de deux ans. 


Paul, de son côté, suit une trajectoire plus linéaire et s’inscrit dans le projet de l’effectif maritime. Il profite des blessures de quelques cadres de la troisième ligne pour montrer tout son potentiel et s’installe peu à peu comme un élément essentiel du XV type Jaune et Noir. Il prend part aux phases finales de 2023. Ses performances lui ouvrent les portes de l’équipe de France. En 2023, il dispute la Coupe du monde en prenant part à trois matchs.


Un respect mutuel malgré des trajectoires opposées

Alors que durant leur adolescence, Paul ressentait son statut de petit frère et vivait mal la comparaison avec Pierre, plus véloce, la tendance s’est inversée au fil des années, en vertu malgré tout des bonnes performances de Pierre au plus haut niveau. Les blessures successives de Pierre combinées aux résultats remarqués de Paul propulsent le plus jeune des deux frères dans le groupe professionnel en 2018-2019. C’est à ce moment-là que la bascule s’opère. Toujours dans les colonnes de L’Équipe, Pierre concède que le plus dur dans son parcours “a été de commencer crescendo et d’être freiné par les blessures”.

Pourtant, Paul l’a malheureusement suivi dans ses déboires en se blessant comme lui à la même épaule, ce qui les a presque liés. Ils ont vécu une période d’indisponibilité ensemble et ce lien, resté indéfectible, leur a permis d’avancer. Une fois rétablis, les quelques fois où ils ont pu jouer ensemble, notamment lors du dernier match de poules de Champions Cup à Glasgow en janvier 2022 leur rappellent des moments heureux, en plus d’avoir marqué chacun un essai lors de cette rencontre.

Cette osmose s’est en effet interrompue après le départ du grand frère. De son côté, Paul a poursuivi ses bonnes performances à La Rochelle pour tenir sa place aux côtés des Grégory Alldritt, Levani Botia… en parvenant à imposer sa puissance et son intelligence de jeu. Il est désormais un titulaire indiscutable à La Rochelle et en équipe de France, quand Pierre contribue à apporter toute son expérience à une formation bretonne désireuse de rester en Top 14 cette saison, malgré le niveau relevé du championnat.


                                         
Etienne Barthod


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