Une fin de cycle inéluctable

Clap de fin pour les Rochelais ce samedi 7 juin, avec une décevante 7ème place. Une saison en dent de scie, à rêver d’une première place puis à éviter la relégation. Revenons sur cette longue année, qui marque la fin d’un cycle pour le Stade Rochelais.


Les hommes de Ronan O’Gara devaient s'assurer une place dans le top 6, pendant la dernière journée de Top 14. Malheureusement, la Section Paloise ne l’a pas entendu de cette oreille, et a décroché sa place dans le top 8 (32-18), face à des Maritimes sans trop d’inspiration et surtout épuisés. Une baisse de forme qui s'explique après cinq victoires consécutives de haut niveau, mais énergivores. Les hommes de Ronan O’Gara ont enchaîné les grosses prestations avec un jeu tout en puissance et en ayant une défense infranchissable. En l’emportant haut la main sur ses terres, face à Perpignan (38-15) et Montpellier (47-18). Mais surtout en créant la surprise à l'extérieur, chez le promu encore en vie Vannes (29-30), et surtout chez le futur champion d’Europe l’Union Bordeaux-Bègles (10-21). Le début de cette belle série est la réception de Bayonne remportée sur le fil (29-28). Pour une fois, la pièce est tombée du bon côté.

En pleine crise

Car la pièce a attendu 105 jours pour tomber du bon côté. Le Stade Rochelais a essuyé une série de neuf matchs sans victoire (huit défaites, et un match nul) ! Le point culminant étant la défaite à domicile face au Munster en Champions Cup, une compétition que les Rochelais apprécient tout particulièrement. En Top 14, ce n’est guère mieux, avec un jeu aux abonnés absents, des joueurs alternant le bon et le moins bon, des internationaux en équipe de France, avec en prime une multitude de blessés, forçant par exemple Tolu Latu à jouer 3ème ligne, face au Stade Français. Et ce qui a amené les espoirs à être jetés en pâture, à l’image de Simon Huchet, Tyreese Leupolu, Charles Kante-Samba, Mathis Brunet ou encore le capitaine des espoirs Lucas Andjisseramatchi. En découle des matchs navrants à domicile, face à Castres (12-12), et face au Racing 92 (21-26). Sans compter des déplacements plus que manqués face à Clermont (33-19), au Stade Français (22-17), au LOU (53-17), et à Toulon (45-26). Cela peut s'expliquer par les deux revers en Champions Cup début janvier, face à Benetton Trévise (32-25) et surtout à domicile face au Leinster (14-16). Cette période est historique car elle marque un nouveau record de jours sans victoire pour le Stade Rochelais en Top 14. Record précédemment détenu par les 101 jours sans victoire de la saison 2010-2011. Une période difficile pour le club et les joueurs se cachant dans un premier temps derrière des discours d’analyse de match, avant d’ouvrir les yeux à l’image de Ihaia West : “On a été honnêtes entre nous, les staffs, les joueurs. Ça fait quelques mois qu’on n’est pas nous-mêmes”, confiait-il.

L’arbre qui cache la forêt

Une période pas surprenante quand on voit les précédentes performances. Que ce soit la victoire sur le fil face aux espoirs de Toulouse (22-19). En plus pour le 100ème match à guichets fermés à Marcel-Deflandre. Les défaites sans âme à Perpignan (21-13), à domicile face à Vannes (14-23). Mais surtout la défaite à Castres (28-24), qui cristallise l’inefficacité à jouer plus de 40 minutes côté rochelais. Seules lumières au tableau, la victoire à domicile face à un Clermont en forme (20-15), et deux victoires maîtrisées en Champions Cup face à Bristol (35-7), et chez le futur champion de Challenge Cup, Bath (20-24).

Un début plein de promesses

Pourtant, le début de saison a été maîtrisé. Si on note deux points noirs, les défaites sèches à Montpellier (16-0), et à Bayonne (37-7) le reste est très bon. Victoire à domicile contre des top 6 de la précédente saison, Stade Français (35-18), l’Union Bordeaux-Bègles (32-22), et Toulon (19-15). En plus de deux succès bonifiés contre le LOU (43-22) et Pau (49-25). Le point d’orgue est la victoire au Racing 92 (16-17), et la défaite pleine de promesses à Toulouse (35-27). Comme l’a évoqué en début de saison Rémi Talès : “J’espère que les joueurs vont se lâcher, derrière”. Ce qui s’est ressenti dans le style de jeu, en plus d’avoir vu l’incorporation progressive de jeunes dans l’équipe, à l'image d'Édouard Richer, Alexandre Kaddouri,  Nikolozi Sutidze...

Bilan

Il est peut-être là l’avenir. Le manager rochelais a évoqué après la défaite au Hameau, une fin de cycle. Que ce soit le style de jeu ou la gestion de l’effectif. Surtout avec l'arrivée de jeunes talents aussi bien en Top 14 avec Nolann Le Garrec (23 ans), Davit Niniashvili (22 ans) et en Pro D2 avec Ugo Pacome (20 ans) et Semi Lagivala (22 ans). Sans oublier des espoirs rochelais encadrés par Romain Sazy qui s’installent dans le haut du panier du rugby français et qui seront amenés à aider et à incarner le Stade Rochelais dans les années à venir.

Cette saison a été tout aussi longue pour les supporters que pour les joueurs. Des guerriers que l'on a senti de plus en plus fatigué, par le jeu énergivore proposé par Ronan O’Gara et son staff, mais aussi par le manque de motivation criant sur certains matchs. En espérant les retrouver à leur meilleur niveau, prêts à retrouver le chemin du succès la saison prochaine.

                                         Mathieu Darras

© Stade Rochelais