XV de coeur #6

1. Mike Corbel

Mike Corbel, c'est sept années passées à La Rochelle à tenir son poste de pilier gauche. D'abord remplaçant, il devient un titulaire indiscutable lors de la saison 2016-2017, celle où le Stade rochelais passe un cap en terminant premier du classement régulier de Top 14, avant de voir son rêve brisé par Toulon en demi-finale. Ce sera finalement sa seule saison en tant qu'intouchable numéro 1 des Jaune et Noir mais quelle saison, aussi bien de la part de l'équipe que de Corbel d'un point de vue individuel...

2. Pierre Bourgarit

Le meilleur moyen de parler de Pierre Bourgarit est l'expression “Loin des yeux, près du cœur”. Si sa présence au talon était une évidence pour tout le monde, c'est son absence qui la rend encore plus évidente. Personne n'arrive à jouer à son niveau, la touche est beaucoup moins sereine qu'elle ne le fut et son énergie manque terriblement aux Maritimes. Vivement ton retour Pierre.

3. Uini Atonio

Tout le monde a une anecdote sur Uini Atonio, que ce soit l'avoir croisé à La Rochelle, à travers une signature d'autographe ou quoi que ce soit d'autre. Pas encore le joueur le plus capé de l'histoire du club, même si ça ne devrait plus tarder. C'est probablement le joueur le plus marquant du Stade rochelais, celui qui se sera le plus ancré dans la ville et sa population. On ne peut imaginer le pilier droit porter le maillot d'un autre club que celui des Maritimes, tant il a été adopté par la ville comme l'un des leurs. Atonio, c'est le Stade rochelais et le Stade rochelais, c'est Atonio.

4. Cobus Grobler

Jacobus Andries Grobler, c'est la meilleure gueule de la Pro D2, un colosse avec des bouclettes blondes. C'est aussi un symbole, celui du Stade rochelais de la deuxième division. C'était les chocs contre Aurillac, Albi ou Tarbes. Les bagarres contre la Section paloise, les barrages d'accession en Top 14 à couteaux tirés. Si on se focalise plus sur le Sud-Africain, Grobler, c'est une deuxième ligne de légende avec Romain Sazy, un maintien acquis lors de l'avant-dernière journée du Top 14 lors d'un match nul face au Racing à Deflandre qui servait de jubilé à Cobus et Djebaïli. Toute une époque.

5. Will Skelton

Que dire sur le colosse australien ? Arrivé en tant que star déjà confirmée du rugby anglais, ayant remporté deux Premiership et une Champions Cup avec les Saracens, le Stade rochelais fait un coup de maître en faisant venir l'un des cadres du meilleur club d'Europe sur les bords de l'Atlantique. La suite est bien connue, Skelton devient la pièce maîtresse de l'effectif des Maritimes. Son arrivée coïncide pile avec le début de l'âge d'or rochelais, le club à la caravelle et son deuxième ligne jouant cinq finales en l'espace de trois saisons. Tout sauf un hasard.

6. Nicolas Djebaïli

Près de 15 années passées sous le maillot jaune et noir pour Djebaïli. Une petite madeleine de Proust pour nous, tant on l'a toujours vu jouer à La Rochelle. Pour certains d'entre nous, il était déjà à La Rochelle à notre naissance, autant dire que voir « Djeb » sur une feuille de match n'était pas juste devenu banal, c'était littéralement tout ce que l'on avait connu. La rencontre face au Racing en 2015 était émouvante, puisque son ultime match à Deflandre, combiné au dernier de Cobus Grobler, avait tout pour nous mettre la larme à l'œil. Ajoutez à ça une pénalité sur la sirène de Fabien Fortassin pour assurer le maintien, et vous avez l'une des plus belles journées du peuple rochelais.

7. Victor Vito

L'arrivée de Victor Vito n'était pas un coup médiatique, ni une légende préparant sa pré-retraite dans une tranquille ville de l'Ouest de la France. C'était l'ultime chapitre d'une carrière somptueuse, où se chevauche deux coupes du monde, deux Tri-Nations et un Super Rugby. Rien avec La Rochelle, où il termine sa carrière sur la première finale gagnée face au Leinster, mais n'étant pas sur la feuille de match à cause d'une blessure, il n'est pas considéré comme Champion d'Europe. Une triste injustice pour l'un des plus grands joueurs que La Rochelle ait vus.

8. Jone Qovu

Plutôt deuxième ligne, il est pourtant arrivé à La Rochelle, en provenance du Racing, au poste de troisième ligne, jouant en numéro 8. Un joueur marquant dans les premières années du Stade rochelais en Top 14. Le mastodonte fidjien aura été d'une grande importance pour le maintien entre 2014 et 2016. Titulaire en deuxième ou troisième ligne, il fait partie de la grande équipe rochelaise de 2016-2017 qui finit en tête du Top 14 avant d'avoir le cœur brisé par Toulon. Sa grave blessure en fin d'année 2017 le fera descendre dans la hiérarchie et il quittera le club en 2020, après six belles années sur les bords de l'Atlantique.

9. Benjamin Ferrou

À un poste où le Stade rochelais a pourtant vu passer un All-Black, c'est Benjamin Ferrou qui est mon demi de mêlée. Indiscutable numéro 9 des Maritimes durant les années Pro D2, 2010-2011 est la saison de la première montée du Stade rochelais, mais c'est hélas également le début de la fin pour « Benji ». Après un début de saison de très haut niveau, une fracture au pied casse la dynamique de sa saison, et celle des Rochelais par la même occasion. Revenu en fin de saison, c'était déjà trop tard pour les Jaune et Noir qui finiront relégués cette année-là. Suivront deux saisons en Pro D2 avant la retraite en 2013. Je reste convaincu qu'avec Ferrou toute la saison, le Stade aurait réussi à sauver sa peau.

10. Antoine Hastoy

Antoine Hastoy aura peut-être frustré par moments. Rappelons quand même les grands moments vécus avec lui, en particulier une campagne de Champions Cup absolument somptueuse, en 2023. Si ce n'est pour 24 minutes passées sur le banc face à Northampton, le natif de Bayonne aura joué l'intégralité des minutes lors de la campagne victorieuse de 2022-2023. Sa finale à 100% au pied est capitale dans la remontée historique contre le Leinster. Face à un Ross Byrne qui ne transforme qu'un seul des trois essais de son équipe, l'ancien palois est impeccable. Et si c'est l'essai victorieux de Colombe dont on se souvient, il ne faut pas oublier que sans le pied droit d'Hastoy, le Leinster aurait été champion.

11. Dillyn Leyds

La classe incarnée. Le Sud-Africain est d'une élégance rare, qu'il met à profit du Stade rochelais quasiment à chaque match depuis 2020. Sur l'aile la majorité du temps, mais ayant pu dépanner avec succès à l'arrière quand Brice Dulin n'était pas disponible, on ne tarit pas d'éloges sur l'ancien des Stormers. Au moment où sont écrites ces lignes, Leyds c'est 116 matchs avec les Maritimes, dont 112 en tant que titulaire. 96.5% de titularisations en cinq ans, dans un club hautement compétitif, et en étant quasiment toujours parmi les satisfactions, même lors des pires matchs des hommes de Ronan O'Gara. La classe donc, et la régularité en prime.

12. Levani Botia

On a déjà longuement parlé de Levani Botia, son arrivée comme joker médical, son doublé légendaire face à Pau, son repositionnement en tant que troisième ligne aile, ses performances toujours au niveau, son match taille patron face aux Saracens... Tatoué du nom de la ville sur la poitrine, il est un autre témoin de l'évolution du Stade rochelais. Une bonhomie naturelle et un amour sincère pour La Rochelle et le club, pas besoin d'expliquer pourquoi il est l'un des chouchous de Deflandre depuis une décennie.

13. Malietoa Hingano

Malietoa Hingano n'est pas le plus grand centre de l'histoire du Stade rochelais. Pour être honnête, il était même plutôt 12 que 13. Mais Hingano, c'est un essai mémorable. Flashback le 25 avril 2015. Les Maritimes jouent le maintien, espérant ne pas revivre la descente de 2011. En face, le Rugby Club toulonnais, ogre rugbystique, double champion d'Europe et champion de France en titre. Les deux équipes se rendent coup pour coup et à une minute du terme, les visiteurs mènent 25-29. Touche, ruck et Hingano s'arrache pour mettre l'essai de la victoire. Deflandre explose. Le petit poucet rochelais a vaincu la bête toulonnaise. Et pour ça, merci Malietoa.

14. Sireli Bobo

Le baroudeur fidjien n'aura finalement fait qu'un an et demi en Charente-Maritime, mais quel impact ! Alors âgé de 38 ans, l'ailier aura été déterminant dans la seconde montée du Stade rochelais en 2014, avec six essais en dix matchs, dont un en finale contre Agen. Logiquement prolongé après de si bonnes performances, Bobo restera un titulaire indiscutable lors de la saison 2014-2015 et quittera le club après le maintien des Maritimes. Une véritable dynamite sur son aile, il aura marqué le club par son style de jeu si flamboyant et son influence dans la seconde partie de saison 2013-2014.

15. Kini Murimurivalu

L'arrière fidjien est arrivé pour avoir du temps de jeu car Clermont ne voulait pas de lui. Il s'est imposé après une période très difficile à cause de graves blessures. Entre 2014 et 2019, c'était lui le 15 de La Rochelle, personne d'autre. Parfois sur l'aile ou au centre, le trois-quarts polyvalent était un joueur constant, avec un apogée en 2016-2017, La Rochelle survolant la saison régulière de Top 14, en faisait certainement le meilleur arrière du championnat de France. Hélas, son statut de non-JIFF et le renouvellement de l'équipe en 2020 le laissent sur le carreau. C'est ainsi que se termine le marquant passage rochelais de Kini Murimurivalu.


                                            Hugo Betoule

© Mathieu Darras - Fièvre SR